Une nouvelle étude met en lumière les impacts des industries extractives sur les droits de l’homme en Afrique francophone

[communiqué]

« A l’occasion du second Forum économique de la Francophonie qui s’est tenu à Paris le 27 octobre dernier, le Centre de Ressources sur les Entreprises et les Droits de l’Homme a publié un bulletin d’information portant sur dix ans de travail sur les violations des droits de l’homme commises par les entreprises en Afrique francophone.

Les résultats de l’analyse de plus de 170 cas de violations présumées des droits de l’homme impliquant des entreprises et les réponses reçues d’un bon nombre d’entreprises sont édifiants :

Presque la moitié de nos interventions auprès des entreprises (42%) concernaient des inquiétudes en matière de droits de l’homme liées aux industries extractives. Même si ces entreprises ont tendance à s’exprimer publiquement sur les inquiétudes quand elles sont invitées à le faire (90% ont répondu), ce secteur continue néanmoins d’être celui qui pose le plus de problèmes à la société civile : Le nombre d’interventions du Centre de Ressources sur les Entreprises et les Droits de l’Homme auprès des industries extractives au sujet de l’Afrique n’a connu aucune baisse durant ces dix dernières années.

Les plus grands risques apparaissent dans les zones de conflit ou de faible gouvernance. Quatre des cinq premiers pays et territoires en Afrique francophone où des inquiétudes liées aux droits de l’homme ont été soulevées en relation avec les opérations des entreprises étaient des pays actuellement en proie à des conflits ou à de l’instabilité ou en ayant connus récemment (la République démocratique du Congo, le Niger, le Sahara occidental et la Côte d’Ivoire). Cela montre l’importance des mesures prises dans les pays d’origine des multinationales et au niveau international pour améliorer la redevabilité des entreprises opérant dans les zones de faible gouvernance.

De la pollution et des déplacements au Niger à la violence contre des manifestants en Guinée, les cas analysés dans le bulletin d’information montrent que le développement des industries extractives en Afrique francophone se fait au détriment des populations et de l’environnement.

Les pays européens francophones et le Canada continuent d’être parmi les principaux investisseurs en Afrique francophone, mais cet investissement à un côté sombre – 44% des inquiétudes concernant des abus commis par des entreprises en Afrique francophone impliquent des entreprises des pays francophones. Ce constat peut être changé, dès maintenant par la Francophonie et ses pays membres.

Quelques entreprises prennent des initiatives positives en développant des activités économiques pour les communautés en prévision de la fermeture prochaine d’une mine ou en initiant de véritables consultations avec les communautés. Toutefois, lorsqu’il s’agit de remédier aux impacts, cette analyse laisse penser que les entreprises ne prennent pas les mesures adéquates ; les industries extractives ne se sont engagées à remédier à leurs impacts dans aucune des réponses reçues par le Centre de Ressources sur les Entreprises et les Droits de l’Homme.

Des perspectives législatives et administratives intéressantes se dessinent dans les pays francophones, notamment en France avec la proposition de loi sur le devoir de vigilance des multinationales et au Canada où le soutien du gouvernement au commerce et à l’investissement pour les industries extractives canadiennes serait lié à la participation de celles-ci au mécanisme de règlement des différends avec les communautés établi par le gouvernement canadien.

Alors que ces développements méritent d’être soutenus, les pays francophones et la Francophonie doivent prendre d’autres mesures immédiates pour améliorer le respect des droits de l’homme par les industries extractives.

« Le forum de cette année est une occasion extraordinaire pour la Francophonie d’intégrer les principes fondamentaux des droits de l’homme dans son nouvel agenda pour l’économie et le secteur privé. Elle doit le faire si son travail dans ce domaine est censé promouvoir une croissance économique au profit de toutes les couches de la population et qui tient compte des droits de toutes les parties prenantes » a déclaré Aliou Diouf, Chercheur et Représentant pour l’Afrique francophone du Centre de Ressources sur les Entreprises et les Droits de l’Homme.

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Notes aux éditeurs:

Le bulletin complet ainsi qu’un résumé exécutif sont disponibles ici.

 

Contacts pour les medias:

 

Le Centre de Ressources sur les Entreprises et les Droits de l’Homme (Business & Human Rights Resource Centre) est une ONG internationale qui scrute les impacts (positifs et négatifs) sur les droits de l’homme des activités de plus de 6 000 entreprises réparties dans plus de 180 pays en rendant l’information disponible en huit langues sur son site internet. Nous invitons les entreprises à répondre lorsque des inquiétudes sont soulevées par la société civile. Le taux de réponse global est de plus de 70%.  »

Photo : RSE et PED

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